Le statut de colon
Gros colons, ti colons
L'image collective du colon est celui du bourgeois blanc qui détient une grande partie de la richesse locale. Encore aujourd'hui le colon est assimilé aux personnes blanches qui ont construit leur fortune sur l'héritage de l'époque coloniale. Du coup nous oublions bien vite le sens même de ce mot.
Petit retour en arrière...
Le statut de colon s'il vous différencie de l'esclave ou de l'ouvrier agricole n'était pendant longtemps pas un statut de privilégié auquel il est parfois assimilé aujourd'hui.
Le colon est avant tout un cultivateur qui loue les terres d'un grand propriétaire terrien (le métayer) auquel il reverse une partie des produits de cette exploitation.
Pour comprendre à quel point il fut souvent exploité et son combat pour l'instauration des règles pour mettre fin aux abus des propriétaires, il faut revenir sur les lois qui définnissaient le système agraire réunionnais de l'époque.
En fait il n'existait pratiquement aucune règle précise.
Ce qu'on appelait le "colonat partiaire" était une particularité du système agraire déjà bien obsolète à l'époque.
Après l'abolition de l'esclavage ce système permettait de valoriser les terres des grands propriétaires et du coup les colons avaient un endroit où habiter er travailler. Mais vite ses derniers allaient déchanter. Effectivement, les propriétaires exploitaient ses colons sans qu'aucunes réglementations ne fixent le taux du reversement des bénéfices des colons à leur métayer. Car effectivement, le métayer avait sur ses terres plusieurs colons qui n'exploitaient que quelques hectares de sa grande propriété. Le colon se transformait aussi en ouvrier agricole lors des récoltes (la canne principalement).
En fait, la majorité des colons n'avait pour seule richesse un endroit où vivre, mais celui-ci ne lui appartenait pas. Il existait cependant des exeptions, des colons qui n'étaient pas exploités durement par les métayers et qui vivaient aisément des terres qu'ils faisaient alors exploitées par des ouvriers agricoles.
Il faudra attendre septembre 1945 pour voir surgir une loi qui prévoit l'établissement d'un contrat écrit entre les parties, l'émergence d'un bail et la fixation de la part du colon à deux-tiers des récoltes.
La Loi ne sera que très peu appliquée. Quelques colons verront cependant l'amélioration de leur cadre de vie. Mais en fait, l'image du colon riche n'est pas une vérité.
En comparaison de l'ouvrier agricole ou des populations issues de l'esclavage, le colon faisait partie de la classe moyenne.